Gaer arriva au palais. Il pénétra dans le somptueux bâtiment et se dirigea vers l’accueil. Un fonctionnaire richement habillé lui demanda la raison de sa présence en ces lieux et Gaer répondit en lui montrant sa convocation royale. Le fonctionnaire ne broncha pas, comme si tout devenait clair dans sa tête et il indiqua à Gaer une petite porte sur le côté. Gaer n’était jamais venu au palais, pourtant il était prêt à parier que le roi ne se trouvait pas derrière une petite porte d’employés sur le côté, mais plutôt derrière l’énorme double porte centrale sculptée. Il se dirigea néanmoins vers la porte qu’on lui avait montré, la traversa et se retrouva dans une petite pièce qui ressemblait à une salle d’attente avec des banquettes et de jolie plantes pour faire patienter. Gaer fut surprit de découvrir qu’il n’y avait dans cette pièce que des nangwaiâs. Il ne connaissait pas vraiment chacun d’entre eux, mais il savait que tous venaient de l’ensemble des professions de la colonie. Il y avait des lettrés, des prêtres de Poséidon, des marchands et des artisans. Il fut mi au courant par un des prêtres de Poséidon. Il est à noté que les prêtres nangwaiâs étaient un peu spéciaux. En effet, ils priaient et travaillaient comme des prêtres, mais aucun humain ne savait qu’en réalité, ils ne croyaient absolument pas à toutes ces déités. Par contre, ils croyaient au pouvoir politique que cela leur conférait. L’Eregiaur se trouvait donc dans une pièce plus éloignée et devait être en train de parlementer avec le roi et ses conseillers. Par contre, personne ici présent ne savait pourquoi ils étaient tous convoqués. Soudain une porte s’ouvrit. C’était un fonctionnaire du palais.
Venez avec moi je vous pris.
Le petit groupe de nangwaiâs se leva et suivi en silence le fonctionnaire à travers un dédale d’étroits petit couloirs. Le silence régnait, mais Gaer réfléchissait. Pour que des représentants de toute la colonie, en plus de l’Eregiaur, soient convoqués, le roi d’Etolie devait avoir une grande requête, ou un grand problème, ou les deux en même temps. Dix minutes plus tard, ils arrivèrent à une porte différente des autres. Elle n’était pas plus grande que les autres dans ces petits couloirs où on pouvait difficilement circuler à trois les uns à côtés des autres, mais elle était nettement plus décorée. Le fonctionnaire frappa lentement à la porte et aussitôt un autre fonctionnaire lui ouvrit en entrebâillant la porte. Il regarda ceux qui l’avaient dérangés et ouvrit la porte en grand. On pouvait voir, dans une pièce moyenne au murs recouverts de tapisserie dorées l’Eregiaur portant une riche tunique de cuir ainsi qu’un traducteur, et une personne assise sur un trône typiquement humain : plein d’or et de pierres précieuses. Cette personne devait donc être le roi. Les nangwaiâs pénétrèrent dans la pièce et les deux fonctionnaires refermèrent la porte avant de se poster autours de celle-ci. Le roi se mit à parler.
Bien, nous pouvons reprendre, Eregiaur. Que pensez vous de ma requête ?
L’Eregiaur se mit à enchaîner les signes de la main à grande vitesse, transposition d’une certaine colère. Le traducteur humain à côté de lui le regarda faire puis parla. Ainsi même le roi ne savait pas parler le langage des signes ?
Honorable roi humain d’Etolie. Nous n’avons pas à nous immiscer dans les affaires de la surface, surtout quand il s’agit de guerre. De plus, je vais devoir en rapporter au couple royal car je ne peux pas prendre une telle décision de mon propre chef.
Le roi haussa les sourcils.
Ce n’est pas la peine d’en informer vos dirigeants. Vous n’avez qu’à voir cela comme un simple cadeau que vous nous offrez en récompense de la permission que vous avez de vivre sur mes terres.
De nouveau, l’Eregiaur répondit par signes, traduis par le traducteur humain.
Vous savez pertinemment que nos relations avec les humains de Xender sont déjà mauvaises. Lancer une offensive sur leurs côtes ne ferait qu’aggraver notre situation. De plus, je ne les pense pas assez stupides pour penser que cette attaque serait le résultat d’une volonté uniquement nangwaiâ.
Le roi se leva brusquement, apparemment irrité.
Dites vous que je suis stupide, moi et mes conseillers militaires ? Nous devons punir Xender pour l’outrage qu’ils nous ont fais, à nos dieux et à moi, pour nous avoir prit les plaines de Bannon. Et pour qu’ils comprennent l’ampleur de leur outrage, je vous demande simplement de les chasser des côtes. Cela ne devrait pas être difficile pour vous.
L’Eregiaur ne répondit pas tout de suite, en pleine réflexion, puis répondit lentement, par signes toujours.
Et qu’aurons nous en échange ?
Le roi, apparemment ravi de ce revirement de situation, fit un large sourire à l’assemblée.
Mais toutes les terres que vous aurez conquises bien sur. Nous vous laisserons gracieusement l’ensemble des terres que vous aurez prises à ces félons de Xender. Bien entendu, j’espère que mes concitoyens seront les bienvenus sur vos futures terres …
L’Eregiaur, ainsi que l’ensemble de ses semblables, ne purent contenir leur surprise. Jamais aucun membre des dirigeants humains avec lesquels traitaient les nangwaiâs ne leur avait fait une telle offre. Des terres où ils pourraient librement sortir leur civilisation de la mer, où ils n’auraient pu à se fondre dans la masse pour traiter avec les hommes. L’Eregiaur bredouilla qu’il demandait au roi un instant pour discuter avec ses semblables de cette très généreuse offre. Le roi sembla au comble du bonheur.
Les nangwaiâs furent menés dans une pièce à côté de la salle d’audience. Aussitôt qu’ils furent laissés seuls, ce fut la cohue dans la pièce. Tous les nangwaiâs se mirent à chanter leur avis à tord et à travers. Cela ne ressemblait pas à des membres de cette race, d’habitude si organisée, dotée d’un important esprit de groupe. L’Eregiaur du user d’un hurlement rauque pour ce faire entendre et imposer le silence avant de prendre la parole.
Ne soyez pas inquiets. Je n’ai aucunement l’intention de prendre seul une décision aussi importante que celle que l’on me demande. Néanmoins, le roi requiert mon silence vis-à-vis du couple royal. Il faut donc que quelqu’un prévienne le couple royal. Je ne peux pas demander à mes subordonnés de partir, cela ne serait pas assez discret.
Il réfléchi rapidement, l’ensemble de ses congénères étant tournés vers lui, en silence.
Gaer.
Tout le monde se tourna vers le petit plongeur, qui du haut de ses trente ans devait être le plus jeune ici.
Tu es plongeur. Ils ne remarqueront pas ton absence à la colonie. Va à Uranto et préviens le roi et la reine. Fais vite. En attendant à la réponse de nos biens aimés royaux, nous préparerons à une fausse attaque de Xender. Attendez moi ici, je vais avertir ce fou de roi.
L’Eregiaur quitta la pièce, escorté par deux gardes humains, puis revins dix minutes plus tard.
Rentrons à la colonie, nous avons du travail. Gaer, prépares toi au voyage.
Sujet: Le Palais 
Dim 15 Avr - 20:15
