Gaer’Men s’enfonça rapidement dans les eaux noires et profondes d’Abydos. La lumière diminuant en intensité, il se dirigeait maintenant grâce au petit champ électrique dégager par son corps. Les coquillages et les crustacés étaient faciles à attraper, de même que les algues à cueillir, car étant sur le fond. Attraper des poissons par contre, tenant plus, pour les nangwaiâs que les hommes, de la chasse que de la pêche. Il fallait donc être patient, et surtout vif, pour ne pas laisser passer une bonne occasion. Gaer’Men, n’ayant aucune proie à portée, décida de s’enfoncer plus encore dans la mer. Un ban de poissons passa près de lui. Dommage, ils n’étaient pas comestibles.
Bon, si je continu à descendre, les proies vont devenir plus dangereuses. Il faut que je reste à cette profondeur. Tiens qu’est ce que c’est que ça ?
Un gros poisson était en train de nager seul, une dizaine de mètres devant lui. Rapidement, Gaer’Men l’identifia. Il s’agissait d’un requin, cherchant sûrement une proie à son goût. A l’instar des loups pour les hommes, les requins n’attaquaient que rarement les nangwaiâs, principalement parce que ceux-ci s’en nourrissent. Gaer’Men aurait bien aimé se faire la main sur ce requin, mais il valait mieux qu’il se serve de cet animal pour pister les bans de poissons. Il se mit donc à le suivre, à une distance respectable pour ne pas risquer de provoquer le requin. L’animal devait cependant se dépêcher, car Gaer’Men, en bon mammifère, devait aller régulièrement à la surface pour respirer. Cela faisait déjà une bonne dizaine de minutes qu’il était sous l’eau, et il ne pourrait pas tenir plus d’une heure. Soudain le requin se mit à nager à vive allure, droit devant lui. Gaer’Men sourie, il pourrait bientôt remonter. En effet le requin fendit en deux un ban de poissons d’argent, brillants de milles feux malgré la lumière quasi inexistante à cette profondeur. Gaer’Men se saisit alors de son harpon qu’il projeta à travers le ban, recueillant ainsi 3 magnifique spécimens. Mais il fallait qu’il se dépêche avant que le ban ne soit trop dispersé et aussi que le requin, excité par le sang, ne s’attaque à lui. En un quart d’heure, il réussit à récupérer 13 poissons d’argent, et fila vite avant que le requin, toujours occupé dans le ban dispersé, ne décide de chasser une proie plus grosse. Il en profita pour remonter à la surface pour respirer.
Il vérifia que son panier était bien fermé pour ne pas perdre de poissons et regarda l’horizon dans un instant de déconcentration. La cité d’Abydos n’était plus visible à l’horizon, mais cela ne l’empêcherait pas de retrouver sa route. La mer est son territoire et celui de sa race.
Après avoir fait le plein d’oxygène il replongea. Il était pressé de devenir adulte. En effet, il pourrait chasser toutes les proies qu’il veut une fois ses écailles protectrices sorties.
Lors de sa seconde plongée il parvint à compléter son panier avec différents poissons tels des thons ou des rascasses rouges. Il nagea rapidement pour rentrer à Abydos, non pas parce qu’il aimait être à l’air libre, au contraire, mais parce que son travail l’obligeait à être le plus rapide possible. Non pas que le restaurant avait des problèmes financiers, loin de la, mais il ne possédait qu’un stock de poisson minimal. Il y avait donc toujours des pêcheurs en activité pour éviter la rupture de stock et il était de ceux là. Il aurait bien aimé avoir un autre poste mais il n’avait pas décidé, il n’était pas encore un adulte. Mais comme tous les jeunes qui sont envoyés travaillés au restaurant sont d’office placés comme plongeur, un jour viendra ou il sera forcément promu. Il arriva sous la colonie et se dirigea vers la trappe de la cuisine du restaurant, qui était ouverte. Il se hissa à l’intérieur et chanta le contenu de son panier.
Très bien Gaer’Men, ta journée est finie, tu peux rentrer chez toi.
Enfin, il pouvait retourner chez lui, sous l’eau. Tous les nangwaiâs de la colonie d’Abydos vivent sous la surface, sous les bâtiments de corail. Il déposa son panier et retraversa la trappe. En nageant vers le fond, on pouvait, ouvrant la roche, une large ouverture menant à des galeries menant elles même à une myriade de grottes où logent les nangwaiâs. Connaissant le chemin par cœur, il nagea à travers les galeries et arriva dans la grotte de sa famille, où logent ses parents ainsi que ses 6 frères et sœurs, qui d’ailleurs, n’étaient pas encore rentrés du travail. Il alla alors se prélasser sur son lit d’algues et s’endormi.